Sweet solitude no longer is. | JULES.

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Sweet solitude no longer is. | JULES. FemaleER003

Décidément, j'aimais vraiment pas l'odeur du café. Y'avait rien à faire, je ne pouvais ni en supporter l'odeur, ni même le goût. D'ailleurs je n'aimais pas non plus le goût du thé. Pourquoi être allée dans un café alors ? Parce qu'ils ne servent pas que ça. Heureusement pour moi et mes envies fanfreluches, ils avaient cet espèce de mélange entre lait et caramel, saupoudré de chocolat. Ca, au moins, ça avait le mérite de me faire sourire. Assise dans un coin du Neila Coffee, je lisais tranquillement un bouquin sur le Texas, les habitudes et coutumes, et sur les différentes villes dont Dillon, ce qui me fit hausser un sourcil. Je feuilletais sans grande passion les premières pages de l'ouvrage avant de m'arrêter sur la partie géographique et topographique. Ils avaient de beaux paysages par ici. Faudrait que j'y fasse un tour, un jour, en solitaire, comme d'habitude. Mes doigts frôlèrent les pages pour les faire tourner, alors que mes yeux déviaient pour se tourner vers la salle, vers les différentes personnes qui étaient là, en cette fin d'après-midi. C'était déjà plus calme que dans les bars locaux, mais il y avaient quelques joueurs de l'équipe des Panthers, et leurs mascottes attitrées, toutes aussi dénudées les unes que les autres, et d'autres personnes qui avaient l'air normales. Du moins, elles en avaient l'air. J'ouvris ma chemise à carreaux pour donner sur un débardeur, et retroussai les manches, car s'il y avait une chose de plus à laquelle je n'étais pas habituée, c'était bien la chaleur. je n'allais pas m'en plaindre, mais ça expliquait aussi peut-être pourquoi ces filles étaient presque en sous-vêtements toute la journée.

Je relevai une mèche de cheveux qui me tombait sur les yeux avant de boire une gorgée de plus de ce breuvage miraculeux, délicieusement sucré et apaisant. Ouaip, ce petit coin m'avait l'air parfait pour passer du temps seule, à l'abri du lycée et de la vie que j'aurais dû y mener. Tandis que je reposai d'une main nonchalante ma tasse encore fumante, je replongeai mon regard ambré vers les pages du bouquin. Feuilletant de pages en pages, je tombai sur un panel de photos de football, l'historique des équipes du Texas, et autres titres mémorables qui ne m'évoquaient pas grand chose. Le seul sport que j'avais suivi, à Seattle, c'était le hockey. J'avais des amis qui en jouaient, et mon père adorait... Pas besoin de repenser à ça, Chase, tu sais très bien que ça va te faire chialer. Ouais. Bon, apparemment, le Texas, et Dillon par la même occasion, c'était le lycée, la popularité, les bières, les filles en mini-tenue, les joueurs de football, la fête, et la country. J'en avais déjà un, c'était déjà ça. Oui, j'aimais bien la country, j'en jouais parfois, avec ma vieille guitare acoustique qui moisissait dans un recoin de mon taudis. Un soupir m'échappa et je m'affalai un peu plus dans mon siège, tout en observant la salle, à nouveau. Seulement, je vis des personnes entrer, et mes yeux s'écarquillèrent. « Oh, non. »

Les insomnies, maintenant, elle était plus ou moins habituée. Seuls les somnifères pouvaient combattre ces interminables attentes nocturnes pleine de questions et de doutes. Une nuit, elle était restée infatigable, à veiller sur son frère qui avait trop bu, encore. Une autre, elle avait attendu patiemment que son petit ami tombe de fatigue et s'endorme enfin. Jules, elle, n'avait pas pu dormir. La seule chose qui la tenait éveillée, c'était le café. Ces derniers temps, sa consommation était passée d'un café par jour à cinq. Autant vous dire que les serveuses du Neila Coffee la croisait souvent, savaient où en était sa mère dans son boulot et quelles étaient les couleurs de ses petites culottes. Comme chaque midi depuis une semaine, la jeune Rochelle se rendit donc au café du coin, comptant bien commander deux cafés, papoter et se tirer vite fait. Non pas qu'elle s'ennuyait et avait hâte de retourner en cours, simplement parce que la sociabilité ces derniers temps c'était pas son truc et qu'elle en était au point de préférer sa prof d'algèbre aux cheerleaders. L'instant était grave. Elle était à cran en ce moment et particulièrement exécrable. Et ça, ce n'était pas à négliger.

La jeune femme poussa la porte du café accompagnée de lycéennes qu'elle connaissait à peine - mais qui s'étaient incrustées pour parler avec elle, sous le tintement de la mini-cloche. Elle passa une main dans ses cheveux et fit le tour de la salle. Son regard se posa successivement sur un beau gosse qui lui avait fait de la lèche lors d'une soirée, sur une fille qui la méprisait par dessus tout depuis la maternelle, puis sur ... une autre fille qui la méprisait. Chasity Raven Hudson, la petite nouvelle de Seattle. Décidément, les habitants de Seattle adoraient le Texas. Et Jules avait une grande envie d'emmerder quelqu'un. Après avoir pris le café bouillant entre ses mains, elle s'approcha de la table où était posée la brune tout en souriant. Elle s'assit, son café devant elle, et posa ses yeux verts sur le bouquin ouvert sur la table.

« Tu cherches un guide, Fox ? Je peux te faire faire la tournée des bars et des clubs de strip-teases de Dillon, si tu veux. Peut-être que dans un de ces lieux tu pourras enfin te faire dépuceler. »

Ca, c'était la Jules vulgaire des mauvais jours. Et celle qui se montrait à chaque fois devant Chase. La pauvre.

« Tu cherches un guide, Fox ? Je peux te faire faire la tournée des bars et des clubs de strip-teases de Dillon, si tu veux. Peut-être que dans un de ces lieux tu pourras enfin te faire dépuceler. »

Je pense qu'on doit pas avoir les mêmes passe-temps.

Écoute, Jules, pourquoi est-ce que tu n'irais pas à une table avec tes amies, boire ton café et faire comme si j'existais pas ?

Les jambes croisées sous la table, elle continuait de tourner la cuillère dans son gobelet. L'odeur du café ne lui plaisait pas particulièrement et ses effluves lui tirèrent une grimace. Replaçant une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, après voir bu une gorgée de cappuccino, elle se concentra sur la jeune Hudson. Cette fille était tout son contraire en apparence, mais pas tellement dans le fond. Jules ne lui en voulait pas particulièrement, la seule chose qui l'agaçait c'était que la jeune fille ne s'affirmait pas. Et à Dillon, il fallait avoir de la volonté et de l'ambition pour réussir. Or, Chase n'en montrait pas. Elle ne cherchait pas à se faire d'amis, et résultat elle récoltait des ennemis. Elle sourit devant la passivité de Hudson. Décidément, elle n'avait aucune envie de montrer les crocs aujourd'hui.

« Parce que ça ne serait pas drôle, Chasity. Et puis je les connais même pas ces filles. »

Elle se laissa aller en arrière, contre le dossier de la chaise en bois, et bu quelques gorgées de café tout en faisant de nouveau le tour de la salle du regard. Il y avait plus de monde que d'habitude, c'était probablement parce que les cours allaient bientôt se terminer. Les lycéens commençaient à sécher, à traîner dans les bars et cafés dès le début d'après-midi. Elle pensa au gala de charité qui aurait lieu dans un peu près une semaine. Elle se demanda si c'était une bonne idée d'organiser cette soirée, cette année, après ce qui venait de se produire chez les Panthers. Après tout, c'était une oeuvre caritative, ça ne comptait rien de faire un bon geste. Et puis ils finiraient tous par s'amuser, sous le regard des chaperons, comme toutes les années.

Jules détourna la tête vers Chase. Une question lui brûlait les lèvres depuis un instant, mais le moment n'était pas vraiment approprié ...

« Dis Fox, tu peux répondre à une de mes questions juste un instant ? Après, on recommence les vannes foireuses et les piques si tu veux, mais sois sincère une minute, okay ? »

Elle la fixa un instant, et la brune hocha la tête.

« Qu'est-ce que tu pense de ce qu'il s'est passé ? »

Chasity eut l'air septique, mais la jeune Rochelle appuya son regard. Genre tu vois pas de quoi je parle, c'est juste une évidence, banane. Oui, elle avait besoin d'un avis extérieur. Elle avait besoin de l'avis d'une fille qui n'avait pas connu le joueur décédé, ni ceux blessés. Elle voulait simplement savoir ce qu'elle ressentait, ayant beaucoup plus de recul qu'elle sur la question. Parce que malgré tout, tout ça finissait par la ruiner Jules. Depuis que son père était parti, elle n'avait pas eu l'habitude d'être chamboulée de cette manière. Sa vie allait plutôt bien, et n'était faite que de cours, d'entraînements, de matchs et d'amitié. Pas d'excès d'alcool, de sang sur les mains et de culpabilité.

« Dis Fox, tu peux répondre à une de mes questions juste un instant ? Après, on recommence les vannes foireuses et les piques si tu veux, mais sois sincère une minute, okay ? »

Okay. Je t'écoute.

« Qu'est-ce que tu pense de ce qu'il s'est passé ? »

C'est vraiment affreux. Ces joueurs ne méritaient sûrement pas ces choses-là, et surtout pas la mort pour l'un d'entre eux. C'est injuste.

Mais je suppose qu'on va devoir apprendre à vivre avec ça. Même si je ne les connaissais pas.

Je suis désolée.

Plongeant son regard dans la tasse de café ivoire posée devant elle, Jules se laissa réfléchir quelques secondes aux propos de Chasity avant de relever la tête vers la brune dans un soupir. Elle dévisagea ses traits plutôt fins et ses yeux noisettes. Elle n'avait pas l'air d'être une fille inintéressante, dans le fond.

« T'as pas à l'être. »

La blonde esquissa un sourire puis repris un air sérieux.

« Alors, Fox, dis-moi qu'est-ce qui t'as amené jusqu'à Dillon, cette petite ville pommé du Texas ? »

Sans rire, ça l'intéressait vraiment. Elle ramena ses doigts autour de la tasse tiède et la porta à ses lèvres. Le café, désormais moins chaud, lui brûla tout de même un peu la gorge lorsqu'il se déversa dans son œsophage. Malgré tout, c'était une sensation agréable. La jeune femme fit les yeux ronds en continuant son inspection par dessus sa tasse.

« Mon Dieu, où est-ce que t'as dégoté tes fringues ? »

Le coté peste agaçante de Jules Rochelle venait de reprendre le dessus. Elle n'était pas une reine de la mode, mais elle savait au moins s'habiller dans diverses circonstances, et le moins qu'on puisse dire c'est que Chase avait encore beaucoup à apprendre dans ce domaine.

FLASHBACK

« Chasity nous vient de Seattle ! »

Silence dans la salle.

« Bon, d'accord ... Asseyez-vous, Chasity. »

« Euh ... »

« A côté de Mademoiselle Rochelle, par exemple. La blonde, là. Bougez-vous un peu. »

Jules prononça quelques mots dans un murmure, en direction de la nouvelle venue.

« Ne tires même pas cette chaise. »

La brune haussa un sourcil, resta quelques secondes sans comprendre, puis tira la première chaise qui fut sous sa main. Ce n'était pas celle à côté de Jules, en tout cas.

La jeune femme eut un léger sourire en repensant à cette anecdote. Depuis le début, elle était affreuse avec cette pauvre fille de Seattle. Pourtant, elle ne lui avait rien fait. Elle avait juste été là, au mauvais moment. Lorsque Jules n'allait pas très bien, que les doutes et questions remplissaient sa tête, que les insomnies faisaient encore partie de sa vie et que son père était un gros bâtard. Aujourd'hui, Jules n'allait pas très bien, les doutes et questions remplissaient de nouveau sa tête, les insomnies refaisaient leurs apparitions, et son père était et resterait toujours un gros bâtard. Au fond, rien n'avait réellement changé. Même pas son agacement envers Hudson.

« Alors, Fox, dis-moi qu'est-ce qui t'as amené jusqu'à Dillon, cette petite ville pommé du Texas ? »

Mon père est mort quand j'étais gamine, ma mère s'est remariée aussitôt, et on a déménagé ici parce que mon beau-père a eut une promotion. Elle a finit par m'abandonner, ici, à Dillon.

C'est la chemise de mon père. Si elle ne te plaît pas, tant mieux.

Ca t'amuse, hein ? De pouvoir te défouler sur les pauvres têtes de linottes qui n'ont pas d'aplomb ? Mais vas-y, je t'en prie, prends ton pied, je n'ai même plus envie de répliquer...

Complètement abasourdie, elle lâcha sa petite cuillère. La brune qui lui faisait face venait de lâcher plusieurs phrases à la suite, sans hésitation, en un temps record. Un véritable exploit qui la rendait bouche bée. Comme une idiote, Jules resta un moment sans rien dire en la fixant, puis eut un léger sourire de satisfaction.

« Eh bien. »

Okay, pas vraiment la chose à dire quand une personne venait tout juste de vous annoncer la raison de sa présence ici. L'histoire de Chase n'avait rien de drôle, mais la jeune femme n'avait pas envie que ça tombe dans le drame.

« Tu sais on a un point commun finalement. Ta mère est une garce, mon père un gros bâtard. »

Elle avait lancé ça sans rien contrôler, sur le ton de l'ironie, ne réfléchissant même pas à ce que ces mots pouvaient avoir comme impact sur la brunette. Pour la première fois, elle rougit un peu de sa gaffe et replongea son nez dans sa tasse de café, affreusement tiède. Elle n'y toucha plus. Préférant de loin garder un semblant de dignité au lieu de bafouiller des excuses minables, Jules détourna la tête vers l'extérieur. Lorsqu'elle était entrée, le soleil réchauffait déjà sa peau claire, mais là il était carrément au zénith. Il tapait sur les vitres et l'éclat de ses rayons faisait mal aux yeux. Elle se tourna donc de nouveau face à Chasity, qui n'avait pas bouger d'un poil et la regardait toujours.

Elle ne sourcilla pas à la remarque sur son père. Après tout, elle se fringuait comme elle le voulait. Si elle ne désirait pas s'intégrer dans ce monde impitoyable qu'était le lycée, tant pis pour elle.

« D'habitude, non. C'est juste avec toi, Fox. »

Ce qui était la vérité pure. La jeune Rochelle n'était pas une garce, loin de là. C'est juste que cette fille lui était antipathique, et qu'à ses côtés elle devenait une sombre peste doublée d'une imbécile. En faisant un tour d'horizon rapide de la salle, elle posa ses yeux clairs sur une serveuse, qui, l'ayant remarqué, vint à leur table. La blonde commanda deux "chocolat douceur" - apparemment ce qu'avait l'air d'apprécier la demoiselle Hudson, puis reporta toute son attention sur son interlocutrice.

« T'as dix-huit ans, non ? Qu'est-ce que tu fais à la rentrée ? »

Allait-elle travailler ou continuer des études supérieurs ? Pour sa part, Jules comptait bien aller à l'université - elle ne se voyait pas faire autre chose, et devrait bientôt faire son choix entre les trois proches de Dillon. Austin, Dallas ou UCLA. Elle n'avait pas vraiment de préférence, même si celle d'Austin lui semblait bizarrement plus familière. Elle verrait bien en fonction de Seeley. Après tout, ce n'était pas le moment pour eux de s'éloigner.

» Can you rest here with me ? {JULES}
» Wake up, and let me go {JULES}
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» JULES ♦ Full of shit, fuck them all.
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