Abnormally attracted to sin | Res. Julliah

Ce matin là annonçait une belle journée d'aout. La chaleur était déjà étouffante, mais les habitants de Dillon y étaient habitués. Les enfants et personnes âgées resteraient bien au frais entre midi et deux, tandis que les jeunes filles iraient parfaire leur bronzage en s'étalant dans leur jardin. Les seuls qui pesteraient vraiment seraient ceux qui devaient travailler en plein cagnard.

Ce n'était pas le cas de Declan Cleveland. Fort d'avoir eut son diplôme prouvant qu'il avait tout de même un peu bossé ces trois dernières années - mais le strict minimum -, le jeune homme avait décidé de trouver un petit boulot à la rentrée. Il savait déjà qu'il n'aurait rien d'excitant, peut-être un job de serveur, ou alors de caissier. Rien que la perspective de se faire chier à longueur de journée le faisait chier. Mais bon, quand on lui parlait de fac, ses poils se hérissaient. Il en avait assez des études. Son père, lorsqu'il avait eut une brève conversation avec lui, avait dit que après deux mois à supporter les petites vieilles qui faisaient leurs courses au supermarché, Declan regretterait ce choix. Peut-être que oui, peut-être que non. En attendant, il verrait bien - il avait juste besoin d'un peu de fric pour changer les freins de sa vieille voiture, et la vidanger un bon coup. Le jeune Cleveland était donc un peu paumé, et en ce début de mois d'aout il n'avait toujours pas trouvé quoi faire en septembre. Ce n'était pas son père qui allait le pousser dans ses recherches d'emploi, ce dernier étant parti avec sa nouvelle femme, Madame Rochelle, se dorer la pilule au soleil - comme s'il n'y en avait pas de soleil, ici, à Dillon. Le couple avait laissé aux quatre enfants - Jules, Appoline, Caïn et Declan - une liasse de billets pour la semaine, histoire qu'ils ne meurent pas de faim. Mais, entre les quatre demi-frères et demi-soeurs, une chose était claire : personne ne voulait faire la cuisine. Ils avaient alors instauré un roulement des plus performants. Le lundi, ce serait Jules. Le mardi, Declan. Et caetera. Chaque jour donc, aux alentours de midi, un membre de la famille recomposée Rocheland débarquait au Jiyo Booty pour prendre deux menus XL - les garçons - et deux menus normaux - pour les deux crevettes qui faisaient office de soeur pour Declan.

Voila donc pourquoi, après avoir garé son vieux 4x4 dans un fracas monumental - la voiture faisait vraiment peine à voir -, Declan Cleveland poussa la porte du Jiyo Booty. Par automatisme, il se dirigea vers la caisse et commença à faire la queue. Encore un peu endormi - il venait à peine de se réveiller - il fut trop tard lorsqu'il réalisa que la jolie brune devant lui n'était qu'autre que Julliah Grant. Si Declan avait réussit à l'éviter durant toute l'année scolaire ou presque - autant il pouvait se cacher au détour d'un couloir, il n'avait pas encore trouvé de technique pour se tenir loin d'elle lorsqu'elle collait Clancy -, là, sur le coup, il était obligé de lui adresser la parole, puisque elle l'avait vu, et qu'elle avait aussi vu qu'il l'avait vu. Cleveland ravalla sa salive, baissa les yeux au sol, fourra ses mains dans ses poches et bafouilla d'un air terriblement pathétique un vague « Bonjour, Julliah. » à peine audible. Il tordit sa bouche sur le côté d'un air gêné. Cela faisait déjà plus d'un an, mais Declan s'en voulait encore de la façon dont les choses avaient tournées entre eux, car quoiqu'on dise, dépuceler une jeune fille sans la rappeler et ce même après que ses parents décèdent dans un accident de voiture le lendemain, et, de surplus, le jour de l'anniversaire de la demoiselle, ce n'était pas politiquement correct. Le jeune panthers avait des sueurs rien qu'en n'y repensant. « Qu'est ce que... qu'est c'que tu fais là ? » demanda-t-il à toute vitesse, sans bien réfléchir. Il regretta la seconde d'après. Déjà, si elle était là, c'était surement pour acheter de la nourriture, comme lui. La question n'avait pas lieu d'être. Ensuite, il y avait de quoi mal le prendre vu qu'il était bien sous-entendu 'pourquoi t'es là, ici, en même temps que moi, alors que t'aurais pu être ailleurs ?'. Un poil de reproches donc, qui n'avaient eux aussi pas lieu d'être puisque Declan était arrivé après. En gros, Declan aurait mieux fait d'économiser sa salive, encore une fois.