this place only we know •R.

Ryan était beaucoup trop jeune encore pour travailler avec des lycéens ; il recevait leur mauvaise influence. La preuve, il commençait de plus en plus à se rebeller contre le code d’éthique mis en place très sérieusement par le directeur. Tout d’abord, interdiction de voir un étudiant en dehors du terrain scolaire. Il avait déjà dépassé ce niveau, en allant jusqu’à pénétrer dans la demeure de la cheerleader Evan Williams, pour l’aider dans sa vie personnelle et ses problèmes de peut-être éventuelle grossesse. Il n’était qu’un conseiller en orientation et pourtant bon nombre d’adolescents venaient se confier à lui, le clouant ainsi dans une position plutôt désagréable. Cependant, un récent événement était entièrement de sa faute, et pas à cause qu’on avait mélangé son métier avec un autre. Il était tombé amoureux de l’une de ses élèves. Sandy venait le voir au moins une fois par semaine pour passer des tests visant à cibler ses valeurs et capacités pour ensuite découvrir tous les métiers qui s’offraient à elle et qui correspondaient à ce qu’elle recherchait. Ryan l’avait beaucoup conseillé et grâce à lui, elle avait réussi à se fixer beaucoup mieux qu’avant. Toutefois, la situation avait dérapée et leur relation était devenue moins professionnelle le jour ou ils échangèrent un baiser passionné et désiré des deux. Marcus pensait constamment à elle depuis, il ne pouvait la chasser de ses rêves malgré qu’il ait longtemps voulu renoncer à cet amour. Il lui avait fait comprendre maintes et maintes fois que leur couple ne pouvait pas exister. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, et il avait décidé de continuer à la voir en cachette. Sa Sandy, à lui. Il devait toujours faire bien attention de l’appeler lorsqu’elle était seule, de ne pas lui parler dans les couloirs ou alors seulement pour sa carrière. Elle ne passait le voir chez lui que lorsqu’il était passé minuit et qu’il n’y avait pas un chat dans les rues. Ils ne devaient en aucun cas révéler leur secret à qui que ce soit, pas même à sa meilleure amie, ni lui à … enfin, Ryan n’avait pas vraiment quelqu’un à qui confier ce genre de choses. Bref, ce soir, Sandy passait à l’appartement de l’homme, et il avait cuisiné un succulent repas de pâtes en son honneur. Il était vêtu d’un jean bien simple, foncé, ainsi que d’une chemise blanche avec un pull noir enfilé par-dessus. Sa petite amie avait besoin de réconfort et de présence ces derniers temps, avec les récents événements. Il y avait de cela une semaine que la fusillade avait eu lieu, et c’était difficile pour tout le monde. Lui-même avait mis beaucoup de temps à se remettre la tête sur les épaules et continuer à vivre. Le temps s’était arrêté pendant quelques jours, mais aujourd’hui la Terre continuait de tourner. Il espérait que Sandy arrive à faire comme lui bientôt, car il n’aimait pas la voir triste. Sa bombe d’énergie quotidienne lui manquait. Alors qu’il sortait la sauce des micro-ondes, elle cogna doucement à la porte. Ryan alla ouvrir et elle pénétra comme une fusée dans l’appartement, pour être certaine de ne pas être vue par qui que ce soit. Les rideaux étaient déjà tirés, alors Ryan colla la brunette contre le dos de la porte et commença à l’embrasser fougueusement. « Tu m’as manquée mon amour … J’en peux plus d’attendre toute la semaine pour avoir un moment avec toi … » Dit-il entre deux baisers.

Les bornes, Sandy adorait les dépasser. Elle n'avait jamais été une petite fille modèle qui respectait tout à la lettre, ça non. Bon elle n'était quand même pas une délinquante récidiviste, mais elle aimait faire ce qu'elle désirait, avec les risques que cela encouraient. La vie était plus palpitante avec un peu de risque et de challenge. Elle n'avait peur de -presque- rien, et son caractère d'effrontée était bien connu. Enfin … tout n'était pas connu non. Sa relation avec Ryan le conseiller en orientation était bel et bien secrète. Et cette fois-ci, la jeune fille n'avait rien vu venir. Elle l'avait croisé en ville une fois, de loin et l'avait trouvé très mignon. Elle ne savait rien de lui, mais le jour où elle avait appris qu'il travaillait dans son lycée l'avait poussée à se faire conseiller sur sa vie future. Mais n'allez pas croire qu'elle faisait ça juste pour mater, elle était quand même un minimum intéressée par son futur. Il fallait bien qu'elle trouve un métier pas trop fatigant et avec lequel elle pourrait rencontrer l'homme de sa vie, le prince charmant bourré de fric. C'était ce qu'elle cherchait, mais elle avait pour le moment trouvé Ryan. Son conseiller, pas vraiment riche, mais très attachant. Elle avait craqué, et lorsqu'ils s'embrassèrent pour la première fois, Sandy en devint accro. Il était désormais là pour elle, pour lui apporter l'attention et l'affection qui lui manquait. Et malgré toutes les tentatives et toutes les paroles du conseiller pour mettre fin à cette histoire, Sandy s'y accrochait. Peut-être, et même sûrement que d'avoir un truc secret du genre l'excitait. Et puis, en attendant d'avoir ce qu'elle voulait, elle pouvait bien s'amuser non ? Le seul truc c'est qu'elle se retrouvait perdue, ne sachant plus si ce qu'elle cherchait était toujours la bonne solution. L'argent et pas l'amour ou l'amour sans argent ? Si les deux pouvaient lui tomber dessus ça aurait été plus simple quand même.
Enfin bon. Sandy passait chaque semaine chez son amant, prétextant des excuses bidons à sa meilleure amie et colocataire pour s'échapper. Ou alors elle passait par la fenêtre de sa chambre, comme ce soir là, où Evan n'avait pas une grande envie de voir sa meilleure amie sortir le soir seule après les événements tragiques de la semaine passée. Et pour escalader un mur, Sandy avait du enfiler un jean -plus pratique qu'une jupe- avec un débardeur sur lequel elle avait assorti une ceinture. Elle se cassa un ongle dans la bataille, mais tant pis. Elle avait rendez-vous. Et elle avait envie de le voir. Elle devait s'assurer qu'il allait bien, parce que depuis la fusillade, ils n'avaient pas pu avoir un seul moment à eux. Un petit sourire dans un couloir, mais c'était tout. Se frayant un chemin dans la nuit, il fallait bien avouer qu'elle n'était pas très rassurée. Elle qui affrontait toujours tout, là elle avait tendance à sursauter au moindre bruit anormal. Mais elle arriva sans encombre devant la porte close de chez Ryan. Elle frappa doucement, ne voulant pas ameuter tout le quartier, surtout qu'ici, c'était du genre « tout le monde connait tout le monde ». Toujours aux aguets, après avoir passé derrière quelques buissons, Sandy entra très rapidement chez Ryan lorsqu'il ouvrit la porte. Avec encore une feuille d'arbre dans les cheveux, Sandy se laissa tomber dans les bras de son homme, qui l'embrassait déjà en lui susurrant des mots doux. A cet instant, c'était comme si il n'y avait qu'eux, sans monde extérieur, sans le parcours du combattant qu'elle devait franchir pour le retrouver.

Et moi alors ? Tu crois que c'est facile de te voir entouré par toutes ces cheerladers et les autres profs qui n'espèrent que te mettre dans leur lit ?

Sandy esquissa un sourire, ajoutant un ton plutôt amusé dans sa réflexion. Certes c'était parfois dur de voir des autres filles lui parler alors qu'elle, elle n'en avait pas le droit, mais elle ne voulait surtout pas démarrer une crise de jalousie ce soir là. Elle lui rendit ses baisers, prenant place entre ses bras. Elle cherchait de la sécurité, de l'amour.

Mais on peut rien dire sinon ce serait un drame … enfin un autre drame. Après la semaine passée …

Et puis Sandy ne désirait rien révéler pour le moment. Elle qui criait à qui voulait l'entendre qu'elle cherchait un riche pour l'entretenir, ça pourrait être bizarre …

D'ailleurs, comment tu vas ? T'es pas débordé par des joueurs en pleurs ou des blondasses hystériques ?

Oui, Sandy utilisait toujours l'humour pour parler d'un sujet sensible. C'était sa manière de tout aborder, de passer des messages subtils du genre là -Comment tu vas Ryan, pas de mal j'espère parce que j'aurais pas supporter de te perdre-, sans pleurer. Elle se montrait forte à sa façon.

« Tu dis n’importe quoi … contrairement à moi qui peut t’assurer que tous ces footballeurs à l’esprit pervers pensent sans cesse à toi et ton corps … dénudé … »

« C’est certain que tout le monde a été ébranlé, moi aussi … en parler avec les étudiants me procure un certain bien à moi aussi, ça m’aide … alors ça va. Et toi alors ? Tu les connaissais bien … »

La vie ne devait pas être privation. Sandy l'avait appris avec ses parents … enfin ceux-là le lui avaient appris de manière détournée, sans même s'en être aperçu sûrement. La jeune fille avait compris très jeune qu'il fallait faire ce qu'on désirait pour être heureux. Chercher le bonheur était un truc pas facile et justement, il fallait tout tenté pour le trouver. Là, elle le trouvait dans les bras de Ryan. Ce n'était soit disant pas permis de le faire, mais tant pis. C'était ce qu'elle voulait. Être avec lui, être dans ses bras, lui parler, l'embrasser, sentir son parfum, entendre sa voix. Il était pas le mec parfait qu'elle cherchait, mais il était bien mieux en réalité. Sandy avait toujours cru que l'argent suffirait, mais désormais qu'elle avait goûté à la tendresse, à l'attention et à l'amour, tout se chamboulait dans sa tête. Et si ce n'était pas ça son futur, être avec Ryan ? C'était dur de répondre à ça à tout juste dix-huit ans, et c'était pourquoi elle se contentait de vivre les instants présents, sans se prendre la tête. Parfois cela pouvait agacer Ryan de voir Sandy si peu réfléchie, mais c'était ainsi. Chacun avait sa philosophie de vie. Et puis si Ryan ne lui plaisait pas vraiment, Sandy n'aurait jamais pris autant de risque pour le voir, elle n'aurait jamais fait des escapades nocturnes pour le retrouver, alors qu'elle aurait pu avoir -presque- qui elle voulait de son âge. Ryan le savait d'ailleurs puisqu'il lui fit la remarque en réponse à la sienne. Jaloux ? C'était mignon, et très attendrissant. Elle aimait son côté timide, maladroit, paumé alors qu'il ne l'était pas réellement.

Je dis pas n'importe quoi non, je suis sûre que la prof d'anglais craque pour toi. D'ailleurs je l'aime pas.

Elle, jalouse ? Et bien oui un peu. Elle aimait bien montrer que telle ou telle choses, ou telle ou telle personnes étaient sa « propriété ». Ca la rassurait en un sens. Mais là elle ne pouvait pas. Alors elle se contentait de pourrir la vie de cette prof en séchant ses cours ou en la fusillant de questions sur un livre jusqu'à ce qu'elle ne sache plus répondre. Petite vengeance. Pas méchante.

Je suis sûre que beaucoup imagine plutôt les cheerleaders nues. Le seul qui pense à moi doit être toi ... et puis t'inquiète la plupart me verront jamais nue, même si ils disent le contraire.

Sandy n'était pas une sainte nitouche, et elle avait déjà couché avec plusieurs mecs de l'équipe, mais pas avec autant de mecs qu'on lui attribuait. Elle était pas une « Marie-couche-toi-là », même si elle était pas du genre coincée. Mais Ryan le savait, sinon il ne se serait pas aventuré dans une telle aventure avec elle. Il aurait profité d'elle une fois ou deux et l'aurait éjectée comme n'importe quel mec le fait avec une trainée. Non là c'était du sérieux, et Sandy se perdait dans les baisers de Ryan. Elle laissa un rire s'échapper lorsqu'il retira une feuille de ses cheveux, attrapant au passage la main du jeune homme avec la sienne pour venir la déposer dans le bas de son dos, se rapprochant de lui. Mais le ton léger qu'on connaissait aux deux amants changea rapidement en parlant de la fusillade. C'était normal d'en parler. Tout le monde en parlait. Mais Ryan avait vraiment l'air inquiet. Inquiet pour Sandy à ce moment là. Elle était aussi inquiète, mais elle ne le montrait pas, contrairement à lui. Elle lui adressa alors un petit sourire et déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de répondre.

Ça va t'en fais pas. Je les connaissais mais pas si bien que ça en fait. Alors c'est triste mais la vie continue.

Elle marqua une pause avant de continuer.

Ca aurait pas été pareil si les victimes avaient été des autres.

Ah ça non. Si ça avait été Evan, Declan ou Ryan, Sandy ne le vivrait pas de la même façon.

Mais il fallait se douter qu'il se passerait un truc, vu comment certains prennent ce sport au sérieux. On dirait que c'est toute leur vie.

« La prof d’anglais ? … J’ai jamais remarqué. Rassure-toi mon cœur, elle ne m’intéresse pas du tout … elle ne parle que d’elle et n’a pourtant rien de si intéressant à vanter … »

« Ils disent le contraire ? Attend que j’aille leur casser la gueule moi … j’trouve ça dégueulasse qu’on parle de toi comme ça … ça ne te fait rien ? »

« Quand j’ai entendu qu’il y avait eu une fusillade au lycée, et des morts … j’ai eu tellement peur que ce soit toi Sandy, j’ai eu tellement peur … »

C'était la première fois de sa vie que Sandy était jalouse pour un mec. Jusque là, elle ne s'était jamais attachée à un homme comme elle l'avait fait avec Ryan. Les autres n'avaient jamais vraiment compté pour elle sur un plan sentimental, et s'en faire piquer un ne lui aurait rien fait. Bon d'accord elle n'aurait pas apprécier, mais ça aurait été une question d'orgueil, pas d'amour. Sur ce plan là, elle aurait eu ni chaud ni froid. Mais avec Ryan c'était pas pareil. Elle était prête à -presque- tout, et elle savait que c'était réciproque. Mais elle ne lui demandait rien. Pas de quitter son travail en tout cas. Sandy s'en serait voulu si il se faisait virer un jour ou si il démissionnait. Ça oui. Ryan aimait son boulot et il ne méritait pas de le perdre pour elle. Enfin bon, elle finissait les cours, elle quitterait vite cet établissement scolaire et tout serait plus simple. Plus de regards de travers. Plus de peurs. Mais en attendant, elle continuait de pas aimer cette prof d'anglais. Même si Ryan la rassurait, elle ne pouvait pas l'encadrer. Et puis, sécher les cours ou l'embêter, c'était sa petite façon de montrer son amour, même si il n'aimait pas forcément cette technique. Mais c'était dur. De rien pouvoir dire. De voir Monsieur Marcus entouré de gens qu'elle ne connaissait pas, et à qui elle ne pouvait rien dire. Rien montrer. C'était normal que des femmes essaient de le draguer. Il était mignon, et officiellement célibataire.

« Tu verrais pas un éléphant dans un frigo … ou dans un couloir peu importe. Mais tant mieux. »

Cela voulait dire que son cœur était trop pris pour voir ailleurs.

« Laisse tomber. Ils valent pas la peine que tu perdes ton temps. Ou au pire dirige les mal pour leur future orientation. Envois les dans un pensionnat catholique. Ça les changera. »

Elle rit à sa remarque, imaginant déjà la tête que pourrait faire les joueurs en arrivant là-bas. Elle n'était pas sérieuse non, c'était pour détendre l'atmosphère. Elle le trouvait mignon quand il prenait sa défense. Il était parfait. Il fallait embrasser beaucoup de grenouilles avant de trouver le prince charmant, mais c'était comme si elle l'avait trouvé. Gentil, tendre, protecteur. Mais elle avait pas envie qu'il perde son temps pour des broutilles du genre. Valait mieux passer le temps à penser à elle. Comme il l'avait fait à l'annonce de la fusillade. Il avoua avoir eu peur. Elle lui adressa un sourire avant de le prendre dans ses bras. Elle le serra contre elle, les bras autour de son cou.

« Tu te débarrasseras pas de moi si facilement tu sais. Et toi non plus t'as pas le droit de partir. »

Ca c'était sa façon de dire qu'elle avait aussi eu peur, mais qu'elle restait confiante. Elle ne voulait pas imaginer le pire. Son truc à elle c'était d'être positive, de toujours tout positiver. Elle déposa un baiser dans son cou avant de relâcher son étreinte et de reculer légèrement la tête pour retrouver le regard de son amant.

« Oublie ça maintenant. On a mieux à faire ensemble. »

Oui, ils avaient mieux à faire. Profiter du temps qu'ils passaient ensemble. Ils ne se retrouvaient que peu souvent que tout les deux, alors autant en profiter. La police enquêtait sur l'affaire alors autant les laisser faire et célébrer la vie. Elle lui sourit avant de l'embrasser, laissant sa main prendre place au creux de celle de Ryan.

« Raconte moi ta semaine ou ce que tu avais prévu ce soir ? »

La vie continuait, tout simplement.

C’était tout simplement la première fois de sa vie que Ryan tombait amoureux d’une femme. Véritablement. Les histoires d’avant n’étaient que des histoires de jeunesse, des amourettes de lycée qui au fond, ne voulaient rien dire. Des confusions entre l’amitié et l’amour. Le jeune homme avait toujours eu de la difficulté à interpréter ses sentiments, plus jeune. Dès que son cœur avait commencé à battre pour Sandy, il avait su que ce serait différent. Seulement, étant plus vieux qu’elle, il avait peur de n’être qu’un amour passager pour la belle blondinette. Rien de sérieux. Il savait que pour le moment, elle l’aimait de tout son cœur. Cependant, est-ce que ça durerait pour toujours ? Ryan se permettait parfois d’en douter, malgré qu’il désirait que cette relation dure. Il ne pouvait la forcer à aimer pour toujours – ou pour longtemps – un homme de six ans son aîné. Pour le moment, il profitait à fond de tous les moments que la vie lui offrait de passer avec Sandy. Lorsqu’elle lui parla d’éléphant dans un couloir, Ryan haussa les sourcils. Déjà qu’il ne s’en était jamais sorti avec les métaphores ou les expressions, c’était encore pire lorsque c’était sa copine qui les sortait. Il esquissa un sourire niais, pour lui montrer qu’il n’avait encore rien compris à son charabia, et elle lui dit de laisser tomber avec un sourire accompagné d’un soupir. Il rigola à son idée. « Tu sais que t’as vraiment des idées sadiques ? Mais j’avoue que l’idée est assez bonne … » Mais non, Ryan Marcus avait beaucoup trop d’éthique et de bon sens pour faire un truc pareil. La vengeance n’avait jamais été sa tasse de thé, ni les manigances un peu enfantines et immatures du genre. Alors il ne ferait que les surveiller de près, ces gamins au cœur pas à la bonne place. La discussion changea bien vite d’atmosphère lorsque la blondinette aborda le sujet de la fusillade. Le conseiller en orientation avait prévu d’en parler avec sa copine, question de s’assurer qu’elle tenait le coup. Le simple fait qu’elle ait amené le sujet par elle-même sur la table lui fit comprendre qu’elle y pensait beaucoup. Comme tout le monde, d’ailleurs. Ryan profita de la situation pour lui avouer qu’il avait été terrifié à l’idée de l’avoir perdu. Il sourit à sa remarque, appuyant son front contre le sien. « Je tâcherai de rester en vie pour toi … » Le jeune homme ferma les yeux en sentant les douces lèvres de Sandy se poser sur son cou. Il sourit lorsqu’elle s’éloigna pour lui dire qu’ils avaient mieux à faire ensemble. Elle avait raison. La vie continuait. Il hocha donc la tête et l’embrassa furtivement avant de mêler ses doigts aux siens. « Je nous ai concocté un superbe dîner aux chandelles. » Dit-il fièrement en la traînant jusqu’à la salle à manger, où de bonnes odeurs se faisaient sentir. La sauce rosée pour les pâtes était encore sur le rond, pour qu’elle reste chaude, et les pâtes dans le chaudron. « Assieds-toi. » Lança-t-il en lui tirant la chaise en face de la sienne. Il prit ensuite les assiettes et alla servir deux portions de pâtes farcies au fromage. Il espérait qu’elle ne lui dise pas qu’elle avait déjà mangé, il s’était tellement forcé …

La vie réservait des surprises. L'amour tombait quand on ne s'y attendait pas, c'était vrai. Et là, à tout juste dix-huit ans, Sandy se retrouvait dans une histoire d'amour compliquée. Enfin elle avait de compliqué que la différence d'âge qu'il y avait entre elle et l'homme pour qui son coeur battait. C'était dur à gérer tous les jours, dur de mentir à tout le monde, surtout à sa meilleure amie et à son meilleur ami. Enfin à ses amis en gros. Tout le monde voyait que quelque chose se passait dans la vie sentimentale de Sandy, mais elle ne pouvait rien affirmer. Ses amis pensaient juste qu'elle était malade à ne plus draguer les bouts de viande qui passaient devant ses yeux. Enfin, elle les draguait pour faire genre, mais aucune motivation ne se dégageait de ses paroles, et ça tout le monde le ressentait. Mais elle était fidèle, elle y pouvait rien. Alors elle se déchaînait avec ses comportements légèrement immature sur les bords et les plans foireux qu'elle trouvait pour pourrir la vie des autres. C'était pas cool, mais ça défoulait parfois. Et ça lui permettait de passer le temps, pour attendre le prochain moment où elle serait seule avec Ryan. Les moments où ils sont comme dans une bulle, ou personne d'autres n'est important à leurs yeux, où juste eux-seuls compte. Et là, c'était le cas. Ils s'amusaient déjà depuis son arrivée.

« Oui je sais, je suis une sadique … mais c'est pour ça que tu m'aimes. »

Elle sortir son sourire d'ange diabolique qui en faisait craquer plus d'un. C'était son arme secrète à elle. Et c'était plus fort que la montre de James Bond. Mais son sourire à elle ne tuait pas. Non, et tant mieux vu qu'elle avait interdit à Ryan de s'en aller. Il avait pour mission de rester là pour elle, tout comme elle était là pour lui. Mais, ne voulant pas ajouter une nouvelle couche sur ce sujet des plus déprimant, triste et tout ce que vous voulez dans le genre, elle se contenta de lui sourire et serra sa main dans la sienne lorsqu'il laissa ses doigts se mêler aux siens. Ils ne passaient que peu de soirées ensemble alors autant discuter de choses plus gaies, plus légères … et puis Ryan avait préparé à manger, alors il fallait y faire honneur.

« Hum et bien dis moi j'en ai de la chance. »

Elle le suivit sans discuter, sans broncher, un sourire aux lèvres. Elle avait oublié la fusillade et tout ce qui tournait autour. Ils étaient là, juste eux dans leur monde. Elle prit place sur la chaise que son romantique prince lui tira et l'observa faire, un brin de culpabilité dans le coeur à l'idée de n'avoir rien fait … enfin mis à part d'escalader un mur.

« Ca à l'air délicieux et je meurs de faim. Escalader un mur c'est fou ce que ça ouvre l'appétit tu sais. »

Elle goûta alors aux pâtes farcies, cuites à point.

« C'est définitif, tu cuisines mieux que moi. La dernière fois que j'ai voulu faire cuir des pâtes et ben on a du jeter la casserole et appeler un livreur chinois. »

Elle rit à ce souvenir, n'ayant pas peur de se moquer d'elle-même.

« Si tu me crois pas il te suffit de demander à Evan ou Declan … tu n'auras qu'à prétexter que tu veux savoir si la cuisine peut être mon avenir ou pas. Et la réponse est NON, sauf si tu m'apprends. »

Oui oui c'était normal qu'elle parle sans cesse. Ca prouvait qu'elle était en forme et heureuse. Pauvre Ryan … mais il devait aimer ça. Et puis elle le laissait parler aussi.

« T’es certaine que c’est pour ça ? Peut-être qu’au fond, je suis comme les autres et je ne t’aime que pour ton corps de déesse … »

« C’est moi qui ait de la chance de t’avoir avec moi ce soir … D’ailleurs, tu restes longtemps ? Pour la nuit ? »

« Escalader un mur ? Dis donc, je ne savais pas que c’était aussi périlleux de venir ici … Je suis désolé que t’aies à endurer tout ça. Mais bon, j’en vaux le coup hein !? »

« Pas la peine, je te crois … mais j’espère au moins que tu fais bien le ménage … »

On en pouvait rien dire, entre eux deux tout roulait comme sur des roulettes. Comme un skate board sur l'asphalte. Ils étaient complémentaires, complices, tout en se ressemblant sur certains points. Sandy était simplement plus cool que Ryan, enfin moins réfléchie par moment. C'était vrai que niveau réflexion, la jeune femme n'y passait jamais la journée, préférant foncer d'instinct, sans perdre de temps. Et puis on parlait de différence d'âge entre les deux amants … mais en y repensant, il n'y en avait pas tant que ça. A peine six ans. Des broutilles quand on pense que parfois des femmes se marient avec des vieux de nonante ans. D'ailleurs la différence ne se faisait pas ressentir, surtout pas lorsqu'ils déliraient ensemble.

« Tu me vois flattée d'avoir un corps de déesse, mais si tu n'aimais que lui tu perdrais pas ton temps à faire la causette et à prendre de mes nouvelles. Tu m'aurais déjà complètement déshabillée. »

Un sourire aux lèvres, elle plongeait son regard dans le sien. Encore heureux qu'il aimait son corps, mais il n'aimait pas que ça. Elle en était certaine. Jamais ils n'auraient pu être aussi proches et traverser autant de choses si ça avait été le cas. Et puis, personne n'aimait Sandy que pour son physique, elle avait trop de personnalité pour ça. Soit on la supportait, soit on la détestait, belle ou pas. Une fois installée à table, dans cette cuisine qu'elle commençait à connaître -quoique c'était pas là qu'elle avait passé le plus de temps dans sa maison-.

« Et vois-tu si tu n'aimais que mon corps, tu me bourrerais pas de pâtes bien grasses, tu me ferais plutôt des légumes vapeurs immangeables. »

Et heureusement que ce n'était pas le cas, parce qu'elle détestait les légumes et tout ce qui pouvait y ressembler. Rien ne valait un bon hamburger, des frites ou un truc bien gras du genre.

« J'ai envie de faire ma folle et de rester toute la nuit … je trouverais bien un truc à expliquer à Evan … de toute façon elle me cache un truc en ce moment, je le sens. »

Elle voulait rester la nuit, la journée, la nuit suivante et ainsi de suite, mais cela ne tenait pas qu'à elle. Elle avait des comptes à rendre, et étonnamment, ce n'était ni sa mère et encore moins à son père, mais à sa meilleure amie. Monde à l'envers.

« Enfin si tu me supportes aussi longtemps bien sûr. »

Mais oui il pouvait le faire. D'ailleurs, Sandy n'avait encore tué personne.

« Fiou c'est pas si grave. C'est plutôt marrant de faire le mur. Et t'y peux rien si Evan devient parano en ce moment. En tout cas, heureusement que j'ai pas séché tous les cours de sport hein ? »

Et dur à croire elle aimait plutôt ça. Le sport. C'était un bon moyen pour se changer les idées et se défouler. Quoi de mieux que de taper dans un punching-ball pendant une heure plutôt que de taper son père ? Enfin bref.

« Et je confirme que tu en vaux le coup. »

Elle lui adressa alors un sourire, venant déposer sa main gauche sur la droite de Ryan, un petit clin d'oeil en accompagnement. Mais ce petit moment tendre et câlin fut interrompu par une remarque machiste du cher conseiller en orientation. Non mais oh. A ce train là il finirait par envoyer toutes les filles en école ménagère. Elle le frappa alors … bon une petite tape sur sa main pour montrer sa désapprobation à de tels propos … tout en gardant le sourire parce que oui il le disait pour rire.

« Si par là tu entends appeler une femme de ménage et donner des ordres bien précis … oui je suis la meilleure pour ça. »

C’était bien dommage que les deux ne puissent pas jouir entièrement des bénéfices de l’amour, car ils étaient l’un des rares couples à tenir la route aussi longtemps et aussi sereinement. Ils ne se disputaient carrément jamais, ou bien pour des idioties qui se terminaient par un désolé et un long baiser. Ils s’aimaient trop pour gâcher une seule seconde de leur temps à se chicaner. Ils avaient beau avoir bien des différences, et pas seulement quand on regarde l’âge mais bien mentalement, les deux faisaient la paire. La parfaite paire. Oui, Ryan avait trouvé chaussure à son pied en rencontrant Sandy. Bref, il inclina la tête en hochant celle-ci lorsque sa copine le reprit rapidement sur sa réplique à propos de son corps. « Tu as raison. Mais j’ai bien plus de respect pour toi que ça, même si l’envie de te déshabiller dès ton entrée ait traversée mon esprit … » Le jeune homme prit légèrement de la couleur sur les joues. Il avait toujours l’air très confiant dans sa façon d’être, mais lorsqu’il était devant le fait accompli, il devenait beaucoup plus timide. C’était ce qui faisait son charme, que ses proches disaient. Il sourit tout de même, plongeant aussi son regard dans le sien. S’ils avaient un jour des enfants, ceux-ci auraient franchement de beaux yeux. Parce que oui, Ryan était rendu à un âge où il pensait à tout cela. Il était malheureusement au courant que Sandy était loin d’être prête pour tout ça et c’était compréhensible. Il serait probablement obligé d’attendre jusqu’à ses trente ans avant de pouvoir en discuter avec elle. De toute façon, ce n’était pas dit que leur relation allait durer jusque là. Il le voulait, mais il voyait un peu trop loin en même temps. C’est pourquoi il n’abordait pas le sujet du futur avec Sandy, ne voulant pas l’effrayer. Ils passèrent finalement à la cuisine, la brunette continuant à parler de son corps de déesse. « Encore un bon point. Je ne ferais jamais ça, je déteste les filles qui ne mangent que des salades … » Il disait cela en sachant très bien que sa copine n’était pas de ce genre, et il en était bien heureux. Marcus lui demanda ensuite si elle comptait rester toute la nuit, croisant presque ses doigts sous la table à l’idée de la garder auprès de lui tout ce temps. Son cœur se réchauffa quand elle accepta. Cependant, son sourire sembla avoir une faille lorsqu’elle mentionna le nom d’Evan et le fait qu’elle lui cachait un truc. Ryan était au courant. Evan avait été lui parler à lui et non à sa meilleure amie. Il tenta donc de ne rien laisser paraître, rehaussant son sourire. « Je n’ai pas besoin de te supporter, tu le sais bien … » Alors qu’il apportait les assiettes à la table, il apprit que pour venir jusqu’à chez lui, Sandy devait toujours escalader un mur, ce qui le désola légèrement. « Tu sais pourquoi Evan devient parano ? » Il n’avait pas eu de nouvelles d’elle depuis et il devait avouer qu’il s’inquiétait beaucoup pour elle. Si Sandy pouvait lui parler un peu de ce qu’elle vivait, il pourrait mieux savoir ce qui se passait dans sa tête. Il sourit ensuite lorsque la brunette confirma qu’il en valait le coup. C’était flatteur et rassurant. Elle posa sa main sur la sienne et Ryan la serra doucement. Ils étaient si beaux à voir, jusqu’à ce que la demoiselle le frappe pour avoir dit un truc méchant envers les femmes. « Mais bien sûr que je parlais de ça … voyons à quoi d’autre pensais-tu ? » Dit-il avec un regard et un sourire innocents.

« Et j'aurais pas bronché si tu l'avais fait. »

Elle sourit avant de continuer.

« Et si tu veux un conseil, la prochaine fois, monte le chauffage à fond et j'enlèverais moi même mes habits en entrant. »

Un petit air coquin s'afficha sur son visage. Non, elle n'avait aucune peine ni aucune gêne à tenir de tel propos, bien au contraire. C'était la nature humaine non ? Elle ne faisait que le rassurer. L'informer qu'elle avait tout autant envie de lui que lui d'elle, même si ils parlaient pendant des heures avant ça. L'attirance était totale, sur tout les plans. Et d'ailleurs, Sandy adorait entendre Ryan dire des petites phrases du genre. Il était tellement mignon lorsqu'il se montrait plus timide, moins sûr de lui qu'elle avait juste envie de craquer et de le couvrir de baiser, l'entourant de ses bras. Mais elle ne fit rien, se contentant de répondre à la remarque suivante de son petit-ami, terme sympathique à dire, tranquillement assise à table, enfin derrière la table ou devant tiens bonne question … BREF, le tout habillée.

« Ca se mange pas une salade … enfin en apéritif ou alors entourée de viande et de pain dans un hamburger. Mais si je répète ça devant mon beau-père il risque de faire une crise cardiaque. Et on se demande pourquoi je vais pas le voir hein ? »

Vive les beaux parents. Quoique jusque là, Sandy avait hérité de beaux-pères assez sympa … jusqu'à ce Barnabé, un vieux bioman qui ne juraient que par l'alimentation bio, le végétarisme, et pire la vie sans informatique ni technologies modernes. Enfin bon. Chacun ses idées. Et sa mère le larguerait sûrement d'ici sept ou huit mois, ce qui arrangera Sandy. Après lui, elle ne pouvait pas tomber sur pire. Bref.

« Oh si tu as besoin. Je sais que je suis pas un cadeau … mais je suis tellement adorable qu'on s'y fait. »

Bien sûr ce n'était pas de la vantardise pure et dure. C'était surtout une remarque pour brasser de l'air et faire sourire. Bien qu'elle soit réellement adorable et très attachante comme fille.

« C'est depuis la fusillade je crois. Elle a peur qu'il m'arrive quelque chose, autant que j'ai pas envie qu'il lui arrive un truc mais … je sais pas. C'est sûrement un truc de femme enceinte ... »

Euh oui elle aurait du garder ça pour elle, enfin pas dévoiler la vie de sa copine devant le conseiller d'orientation, mais bon c'était plus fort qu'elle et puis elle en oubliait que Ryan était leur conseiller.

« Bon d'accord en fait elle m'a rien avoué, mais je suis sûre qu'elle est enceinte. Je le sens. Et c'est dommage parce que son copain là je l'aime pas. Mais ça serait cool quand même, je serais marraine. La meilleure. »

Non Sandy n'avait aucune preuve, aucun témoignage si aucun aveu. Mais elle considérait ça pour sûr pourtant. Elle l'avait deviné un jour et cette idée lui restait bien encrée en tête. Et puis ce serait cool. D'accord elles étaient jeunes, mais après tout un bébé c'était un heureux événement. Et Sandy aimait bien les gamins. Bon de là à en avoir un elle … enfin elle n'y pensait pas, mais elle aurait sûrement été contente. C'était dans ses plans d'être mère au foyer après tout.

« Tant mieux alors, tu me rassures. J'ai presque pensé pendant deux minutes à t'étouffer avec tes pâtes pour me venger … mais ça aurait été du gâchis parce qu'elles sont délicieuses. »

Ca c'était vrai. Bien qu'elle continuait de parler et de parler, son assiette se vidait régulièrement.

« Je sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça, mais il faudra que je trouve un truc à faire pour te remercier. Genre débarrasser la table ou faire la vaisselle … sauf si tu as une meilleure idée ... »

« C’est toujours bon à savoir. » Répondit-il en souriant. La prochaine fois, peut-être céderait-il à ses pulsions sexuelles plutôt animales plus rapidement. Là, il avait voulu que leur moment soit plus amoureux que bestial, c’est pourquoi il ne lui avait pas sauté dessus dès son entrée et lui avait plutôt préparé un dîner aux chandelles digne de son romantisme exclusif à Sandy. Son commentaire sur le chauffage le fit bien rire, bien que ce sujet ne le mettait pas toujours très à l’aise. Comme tout autre, le conseiller en orientation aimait beaucoup faire l’amour, seulement il ne le pratiquait pas à chaque soir comme certains. Il aimait prendre son temps, être avec la bonne fille. Bon, c’est sûr qu’avec Sandy, il avait déjà visité la chambre plus d’une fois, mais ce n’était pas une raison pour devenir vulgaire comme les autres jeunes. Il voulait conserver un certain charme dans cet acte. « Je préfère te les enlever par moi-même ... » Paroles totalement véridiques. Ryan préférait avoir l’honneur de dévêtir la belle brunette, ça lui donnait un certain pouvoir. Enfin, il y avait d’autres avantages, mais je ne saurais mettre des mots dessus. Enfin à table, le jeune homme commença à se plaindre sur ces jeunes adultes qui ne mangeaient presque rien sous peine de prendre trop de poids. Très stupide, selon lui, et certainement pas la bonne méthode pour garder la ligne. « Alors ne va pas le voir et ne lui répète pas ça. » Si elle avait été en train de parler de ses parents biologiques, peut-être lui aurait-il dit de leur laisser une chance ou quelque chose qui faisait bien adulte, bien Marcus. Sauf que là il s’agissait de son beau-père, donc aucun lien de sang et rien à lui devoir. Le jeune homme ne savait pas ce que c’était que d’avoir des beaux-parents, car il avait la chance d’avoir des vieux qui s’aimaient plus que tout au monde. Ils étaient le modèle parfait du couple marié heureux même après trente ans de mariage. Ryan rêvait d’être comme ça, plus tard, mais avec plusieurs enfants et pas qu’un. Le conseiller en orientation sourit lorsque Sandy se dit d’elle-même qu’elle était limite insupportable. Il était loin d’être d’accord avec elle. Il secoua donc la tête négativement, comme désespéré par elle. Puis ils parlèrent d’Evan, une connaissance commune. Enfin, Sandy ignorait que Ryan s’était autant rapproché de sa meilleure amie depuis les dernières semaines. Elle ignorait qu’il était au courant d’un secret qu’elle ne possédait pas. Lorsque la brunette sortit le mot femme enceinte par contre, le jeune homme faillit faire une gaffe et s’exclamer qu’elle était au courant, mais il se ravisa et entra dans le jeu de l’ignorant. « Evan Williams, enceinte? » Demanda-t-il d’un ton faussement surpris. Sandy ne remarqua rien et lui avoua que ce n’était qu’une hypothèse. Ryan sentit une sueur froide sur sa tempe et il hocha la tête, consterné. Puis il ne pu s’empêcher de rire devant l’enthousiasme de sa copine. « Tu dépenserais tout ton argent pour cet enfant, je te connais trop bien. Mais c’est vrai que tu serais la meilleure marraine du monde … » La brunette aimait tellement les enfants et était si généreuse et attentionnée. Ryan voyait en elle une mère exemplaire, cependant il ne lui fit pas la remarque, pas maintenant, car une discussion étrange s’en suivrait. Après quelques minutes de bavardage intensif dans lequel le conseiller en orientation se perdait parfois, les deux assiettes furent vides. Sandy déposa ses ustensiles et demanda ce qu’elle pouvait faire pour le remercier de ce repas. Il sourit. « La table et la vaisselle peuvent bien attendre … » Ryan se leva de sa chaise et positionna un bras sous les cuisses de la demoiselle et l’autre dan son dos et la souleva avec aise, rigolant en cœur avec elle. Il marcha jusqu’à sa chambre, ferma la porte d’un coup de pied même si le reste de l’appartement était inhabité donc aussi intime, et posa Sandy sur le lit. Il s’allongea par-dessus son mince corps et commença à l’embrasser passionnément sur les lèvres, puis dans le cou, et vers le décolleté. Il descendit ses deux bretelles de débardeur en même temps, avant de l’enlever complètement. Ses mains glissèrent sur son ventre légèrement musclé, en même temps que ses lèvres qui déposèrent des baisers papillons sous son nombril. Il remonta peu à peu jusqu’à ses lèvres et plongea son regard dans le sien. « Je t’aime. »

« A vos ordres chef. »

Oui, enfin Sandy avait pour habitude de n'obéir qu'aux ordres qui l'arrangeait. Que se soit de se laisser déshabiller ou de ne rien répéter à son beau-père et de ne pas aller le voir. C'était dommage dans un sens parce que cela signifiait qu'elle ne voyait pas sa mère, mais tant pis. Elle était passée la voir, mais elle ne l'avait même pas reconnu. Y avait pas à dire, les légumes en haute concentration ça altéraient le cerveau. Et puis sa mère, elle la reverrait une fois que celle-ci sera retombée sur la tête et aura compris son erreur. Épouser un Barnabé qu'elle idée. Et puis de toute façon, elle n'avait jamais été super proche de sa maman, vivant le plus clair de son temps chez Evan depuis ses dix ans. Pauvre Evan me direz-vous, mais les deux jeunes filles étaient les meilleures amies du monde depuis leur plus jeune âge. Elles avaient fait un tas de choses ensemble, passé un nombre incalculable d'heures à discuter de garçons et de vêtements. Elles ne se cachaient rien ou presque. Sandy n'en avait pas encore la preuve certaine, mais elle était sûre qu'Evan était enceinte. D'ailleurs, elle en était tellement persuadée et tellement partie dans son délire en l'expliquant à Ryan, qu'elle ne prit pas la peine de voir son faux étonnement. Non. Comment pouvait-elle se douter que sa meilleure amie passait plus de temps qu'elle ne le devrait avec Ryan, le conseiller d'orientation ? Déjà qu'en théorie, elle-même ne devrait pas le faire ...

« J'en suis sûre oui. Mais personne n'a l'air au courant ni d'avoir remarquer le truc alors ne le crie pas sur tous les toits … sinon elle pourrait se douter qu'entre toi et moi il y a un truc. »

Elle hésita avant de continuer, mais sur sa lancée elle prolongea son discours.

« Déjà qu'elle est persuadée que j'ai un amant secret, elle comprendrait vite toute l'histoire … et ça pourrait mal finir. »

Oui ça le pouvait. Le directeur étant un peu con parfois, il pourrait virer Ryan, même si Sandy terminait son année … un réel gâchis pour les futurs étudiants pour qui Monsieur Marcus pourrait être indiscutablement utile.

« C'est vrai que je risquerais de le gâter un peu trop, mais j'aiderais Evan avec plaisir. »

Et elle était sincère. Elle ne pensait pas aux enfants à cet âge là, mais si par les forces de la nature il en arrivait un, que se soit pour elle ou ses copines, elle serait là. Enfin c'était ce qu'elle pensait en tout cas.

« C'est dommage de laisser la vaisselle attendre … mais je vois que tu as une autre idée en tête. »

dit-elle alors que Ryan la soulevait de sa chaise et l'emmenait dans sa chambre. Sandy se laissa bien entendu faire, elle n'allait quand même pas refuser un petit tête à tête entre amoureux dans un lit confortable hein. Et puis, elle se retrouva bien vite couchée sur ce dit lit, Ryan sur elle, son débardeur volant dans la pièce. A noter qu'un débardeur ne vole pas bien longtemps. Sentir les lèvres de Ryan sur sa peau était exquis, et pour le moment, elle se contenta de passer une main dans les cheveux désormais ébouriffés de son amant.

« Moi aussi je t'aime. »

Du moins elle le pensait … mais oui elle l'aimait. C'était pas facile à dire pour elle par contre, mais elle laissait son coeur parler parfois. Comme là. Souvent elle se contentait d'un 'moi aussi', mais pas cette fois-ci, à noter dans les anales. Elle esquissa alors un sourire avant d'embrasser Ryan, passant ses mains autour de son cou, l'attirant contre elle, laissant l'une de ses mains se balader dans le dos du jeune homme.

Malgré qu’elle ne vienne juste de dire qu’elle était à ses ordres, chef en plus de ça, le couple gardait une certaine équité au sein de leur relation. Aucun des deux ne donnait les ordres, aucun dominateur et pas de soumis. Les deux menaient la valse comme ils le voulaient, et c’était probablement ce qui faisait en sorte qu’ils s’entendaient aussi bien. Si l’un demandait quelque chose, l’autre ne le faisait que s’il en avait réellement envie. Ils s’étaient dit que fonctionner comme ça était plus facile, et jusqu’à aujourd’hui, cette méthode avait porté ses fruits. Bref, Ryan trouvait que Sandy était chanceuse d’avoir une meilleure amie sur qui elle pouvait toujours compter. De plus, à force de côtoyer Evan en aussi grand secret, il avait appris à la connaître et savait maintenant qu’elle était une fille aimante, respectable et très intelligente dont il fallait prendre soin. Mais qui savait aussi prendre soin des autres, alors il savait que si un jour Sandy avait un problème, mais qu’elle ne pouvait se tourner vers son copain, elle aurait mademoiselle Williams pour la supporter. C’était juste dommage que leur relation ait commencé à devenir plus distante à cause des secrets respectifs des lycéennes. Ryan aurait tout donné pour avoir un meilleur ami duquel il était aussi proche, à l’époque. Enfin, à sa majorité il en avait une belle bande, mais ça n’avait pas duré plus longtemps et aujourd’hui, ils s’étaient tous perdu de vue. Sandy et Evan vivaient sous le même toit depuis des années, alors il serait fort surprenant qu’elles se lâchent d’aussi tôt. « T’en fais pas, de toute façon à qui veux-tu que j’aille le crier hein ? J’aurais pas d’intérêt à le faire, et puis j’ferai jamais un truc aussi con qui peut mettre notre relation en danger … » Ryan leva la main jusqu’au visage de la brunette et caressa sa joue tendrement avec un petit sourire. Il se sentait mal de lui mentir en pleine face, car lui était au courant, il connaissait la vérité, il avait d’ailleurs été le premier à la savoir, puisqu’il était avec Evan au moment de passer le test. C’était lui et lui seul qui s’était tenu à ses côtés lors de cette dure épreuve. Pas respect pour elle par contre, il n’en parlerait pas à Sandy, même si ça le tuait de devoir feindre l’ignorance. « J’en suis certain. T’as l’instinct maternel en toi, ça se voit comme ça … » Oups, c’était sortit tout seul. Ryan lâcha un moment la main de sa copine pour se verser un petit verre de vin, question d’attirer l’attention sur autre chose que ce qu’il venait de dire. Il ne voulait pas que Sandy pense qu’il la pressait et qu’il commencerait à lui faire des sous-entendus pour qu’ils commencent à penser à fonder une famille, non. Bref, après avoir envoyé chez le diable la vaisselle et les corvées, ils se retrouvèrent allongés dans le lit du conseiller en orientation, en train de s’embrasser, rattrapant tous le temps perdu et les baisers égarés de cette dernière semaine. Puis il lui avoua son amour pour elle. Pour la première fois, Sandy ne se contenta pas d’un moi aussi, mais prononça à son tour les mots dont Ryan avait tant envie d’entendre. Il se rapprocha d’elle avec un sourire ému, un regard brillant, et l’embrassa avec un amour tout nouveau. Il continuait à glisser ses mains sur le corps de sa douce, de lui embrasser le cou, les seins, le ventre. Les lèvres. Il avait envie d’elle, il l’aimait, il voulait faire l’amour jusqu’au bout de la nuit. Enfin, il y aurait une pause dessert évidemment. Gâteau triple chocolat.

« Tu pourrais aller le crier à … euh … la bibliothécaire. Mais elle t'engueulerait parce que dans sa bibliothèque on peut pas prononcer le moindre mot. Silence absolu, elle me l'a assez répété et pourtant c'est pas là-bas que je passe le plus de temps. »

Hahaha, très drôle Sandy. Oui enfin elle était sincère, c'était bien la bibliothèque le lieu où elle se rendait le moins souvent sur le campus, et cette vieille peau de bibliothécaire lui avait de nombreuses fois aboyé dessus pour lui dire de se taire -parce qu'avouons-le Sandy aimait bien parler-, mais c'était peu probable que Ryan aille lui parler. Sauf si il entretenait une amitié secrète et … bizarre. Personne n'avait envie d'être ami avec ce dinosaure. Bref. Comme il l'avouait, il ne ferait rien pour les mettre en danger. Ils s'aimaient et ils le cachaient si bien depuis quelques mois que ce serait complètement imbécile de tout mettre en périple maintenant. En tout cas, elle lui faisait pleinement confiance. Même quand il affirmait qu'elle avait une fibre maternelle développée. Elle le croyait … mais elle n'avait pas envie d'y penser plus que ça. Elle était consciente que Ryan, étant légèrement plus âgé devait y penser à fonder une famille, surtout qu'il ferait un père formidable, mais elle, elle préférait oublier ça. Au pire ce serait une erreur, ou sinon elle attendrait quelques années avant d'y penser. Surtout qu'à dix-huit ans, elle avait du mal à se projeter dans un avenir avec Ryan. Même si elle l'aimait, il était tellement différent aux plans qu'elle avait fait depuis ses douze ans. Comment ferait-elle ? Mais si son coeur parlait, ils pourraient finir ensemble, vraiment. En tout cas, couchée sur son lit, elle ne disait pas le contraire. Elle avait même prononcé les trois mots magiques qu'elle se refusait jusque là. Dans le feu de l'action elle l'avait avoué, se surprenant elle-même … mais ne le regrettant pas le moins du monde. Ca faisait plaisir d'avouer ses sentiments à quelqu'un qui les partageait. C'était fun … oui enfin pour dire que c'était pas rien. Elle n'en revenait pas. Mais ces trois mots n'étaient pas la cerise sur le gâteau. Non. Elle avait envie de lui, tout comme il avait envie d'elle. Ils s'embrassaient avec passion, laissant leurs corps se redécouvrir, laissant leurs mains parcourir l'autre, retirant et faisant voler un tas d'habits en surplus. Jean, short, tout y passait et tout volait aussi mal qu'un débardeur. Sandy était aux anges, certainement la fille la plus heureuse ce soir là.

Ce que sa petite amie ignorait lors de cette réplique, c’était que Ryan entretenait une assez bonne relation avec la bibliothécaire. Probablement meilleure qu’avec le reste des professeurs du lycée. Il détestait la prof d’anglais et ses projets de voyage qui faisaient chier le conseiller en orientation, il détestait le prof’ de sport qui traitait ses étudiants de gros jambons. En plus, puisqu’il n’était pas réellement un enseignant, on le délaissait toujours, le considérant comme un stagiaire ou toute autre personne qui ne mérite pas d’attention. Un peu comme la bibliothécaire. Alors un midi, alors qu’il s’apprêtait à manger son lunch seul dans son bureau, il avait décidé de lui rendre une petite visite surprise. Elle avait été très contente d’avoir un peu de compagnie, lui avait avoué que d’avoir de l’autorité dans une libraire avec des jeunes, c’était difficile et ça demandait beaucoup de patience. Ensemble ils avaient décidé que d’ignorer tous ces professeurs arrogants était la meilleure solution. Depuis ce temps-là, Ryan mangeait toujours avec elle lors de sa pause. « La bibliothécaire ? J’crois qu’elle se fiche un peu de vous tous, si tu veux mon avis. Et puis arrête, c’est pas une mauvaise dame. Vous ne la ménagez pas beaucoup … » Bon, voilà son côté adulte qui ressortait. Marcus pouvait parfois se révéler trouble fête, mais il ne pouvait rien faire contre ça. Il venait d’une génération plus vieille, il était plus mature que ses étudiants, point. On ne pouvait pas échapper à la sagesse de la vieillesse. Je vous l’accorde, lui l’avait eu quand même assez tôt. Mais à force de côtoyer de plus vieilles personnes dans son métier, on apprend d’eux. Bref. Alors qu’il était couché contre elle, là, bien, Ryan se demanda de quoi ils auraient l’air plus tard. Peut-être pourrait-il la demander en mariage, un jour. Bientôt, ou pas. Il n’en savait trop rien. Ce qu’il savait c’était qu’il l’aimait et qu’elle l’aimait visiblement aussi, vu ce qu’elle venait de lui avouer. Et qu’il voulait passer encore une bonne grosse portion de sa vie avec elle, au complet s’ils le pouvaient. Seulement, une ombre vint assombrir ses idées idéalistes. Sandy avait toujours fait comprendre à tout le monde qu’elle marierait un riche, qu’elle n’aurait donc pas besoin de travailler, qu’elle pourrait se payer tout ce qu’elle désirait. Avec le conseiller en orientation, ses petits rêves d’adolescentes seraient bien loin de se réaliser. Il était paumé à chaque fin de mois, économisait le peu qu’il lui restait pour son voyage en Afrique. C’est alors qu’un doute s’imposa dans son esprit : était-il fait pour la vie de couple ? Cependant, un simple échange de regard avec la brunette suffit pour lui faire oublier ces tracas. Il y repenserait une autre fois, au pire. Alors il continua à la déshabiller, alors qu’elle aussi y participait. Les vêtements volaient dans tous les sens, mais pas trop quand même. Ryan tira sur les couvertures et les enveloppa tous les deux dans ces draps blancs tièdes. Il continua à embrasser sa belle, la couvrant de baiser, avant de passer à l’acte. Le vrai acte. Agrrr.

Sandy n'avait rien répondu aux 'remontrances' de Ryan au sujet de la bibliothécaire, mais elle n'avait pas pour autant pas entendu ce qu'il avait dit. Au contraire. Mais elle s'en resservirait plus tard. C'était marrant en tout cas de voir le côté 'mature' de Ryan faire son apparition, et Sandy ne le prenait jamais mal. Il n'avait pas tort, il avait même pratiquement tout le temps raison. Sandy ne faisait pas gaffe à la moitié des choses que son comportement pouvait impliqué, mais Ryan était là pour le lui faire comprendre et le lui montrer. C'était sympa. Intéressant. Et petit à petit elle gagnait en maturité, même si son côté enfantin et bon enfant faisait très souvent son apparition. Elle n'y pouvait rien, elle était comme ça. Spontanée. Et c'était aussi comme ça que Ryan l'aimait, alors valait mieux qu'elle ne change pas du tout au tout.
Installée dans le lit de Ryan, les choses prenaient le devant, et il n'y avait pas besoin d'être voyant ou medium -ce qui est la même chose en fait- pour lire leur avenir proche à ces deux là. Tout était tracé, et les vêtements relégués au sol n'allait pas dire le contraire. Sous les draps, Sandy continuait de profiter du corps de Ryan, réagissant à chaque baiser, chaque caresse. Elle n'arrêtait pas de sourire, ou de rire lorsqu'il la chatouillait, jusqu'à atteindre le moment clé, le moment tant attendu, celui de l'acte, du vrai. Ryan n'avait pas l'air d'être une bête de sexe à première vue, mais c'était une fausse idée. Il était doué, très doué. Et ça, Sandy ne le contredirait jamais. Elle profitait de tous les instants passé avec lui, vivant chaque minute à trois cent pour cent. Ce devait être ça le bonheur. Passer la soirée en galante compagnie, prendre -beaucoup- de plaisir, en procurer. Après leur premier ébat -car il y en aurait peut-être des autres plus tard dans la soirée-, elle vint l'embrasser une nouvelle fois avant de casser leur moment d'intimité pour sortir une connerie comme elle adorait en dire.

« Si tu me le demandes comme ça je serais beaucoup plus gentille avec ta copine la bibliothécaire. »

Ah vous voyez elle n'était pas passée à côté de ce conseil, même si elle faisait genre.

« Mais j'espère que tu n'es pas aussi gentil que ça avec elle … parce que je me méfie de la prof d'anglais, mais peut-être que je devrais faire attention à elle ... »

Elle continuait de plaisanter bien sûr. Mais l'amour lui donnait des ailes, et elle était de bonne humeur. Et puis plaisanter tout en caressant le torse de son amant du bout des doigts étaient très sympathique. Elle adorait ces moments de complicité très tactiles.

« Tu avais déjà oublié que je parlais tout le temps ? Mais tu as un moyen de me faire taire ... »

L'embrasser ? La chatouiller ? Par exemple. Il fallait juste lui changer les idées, la faire penser à autre chose, lui couper l'envie de parler.

« Sinon je peux te raconter toute ma vie ... »

Vraiment passionnant ...

Sandy ne devait vraiment pas aimer la bibliothécaire pour ne pas avoir répondu au reproche que Ryan venait de lui dire. Habituellement, toutes les occasions pour elle étaient bonnes pour s’ouvrir la bouche, que ce soit pour bavarder, s’obstiner, rire ou crier. Sa chérie était une vraie bombe d’énergie et c’était probablement la qualité qu’il appréciait le plus chez elle. Jamais un moment ne pouvait devenir ennuyant en sa compagnie, parce qu’elle était intéressante et drôle. Ryan aurait aimé être aussi extraverti qu’elle, car il admirait ces gens-là, malheureusement il était plutôt du genre calme et posé, qui ne prend pas trop de place. Au moins, il n’était pas non plus un bloc de glace mais au contraire très chaleureux. Il fallait juste aller vers lui. C’est pourquoi son métier lui convenait autant : les élèves prenaient eux-mêmes leur rendez-vous avec lui. Il convoquait des étudiants en de très rares occasions. Une fois il se souvenait, il avait craqué et avait convoqué Sandy à son bureau durant une période complète, juste pour pouvoir lui parler et l’embrasser, après s’être assuré que personne n’approchait. Ça avait été le seul moment de l’année durant lequel Ryan avait montré sa faiblesse face à elle, qu’il avait démontré de l’irresponsabilité. Après ça il s’était juré de ne pas recommencer, et il avait tenu sa promesse jusqu’au bout. Il devait se contenter des fins de semaine comme celle-ci, durant lesquels Sandy fuguait de chez Evan pour venir le voir. D’ailleurs en ce moment, le couple en profitait à fond. Enroulés dans les couvertures, les amants se cajolaient, riaient, s’embrassaient, s’aimaient, pendant un long moment, jusqu’à ce Ryan lui fasse l’amour. Une fois leur ébat terminé, le jeune homme resta en elle alors qu’elle se remettait à parler comme ça. Il sourit en lui parlant, restant sur elle un moment. Il rigola dès sa première réplique, qui était un petit clin d’œil à sa remontrance d’un peu plus tôt. « Je suis très heureux d’avoir un sens de la persuasion aussi développé. » Ryan n’était pas du genre à se vanter de ses performances, mais c’était vrai qu’avec Sandy, il avait vraiment l’impression d’être meilleur. Ils fusionnaient, quoi. C’était facile, quand les sentiments étaient de la partie. « Non, comme tu peux le voir, je préfère les plus jeunes ... » Le conseiller en orientation lui sourit amoureusement avant de l’embrasser. Il ne s’imaginait vraiment pas avec la bibliothécaire, une vieille chouette aux cheveux poivrés. Alors qu’elle caressait son torse du bout de ses doigts, lui jouait dans ses cheveux noirs avec les siens. Oh oui, Ryan connaissait tous les moyens de la faire taire. Seulement là, il avait envie de l’entendre parler. Alors il s’enleva de Sandy et se coucha à ses côtés, son visage tout près du sien, son bras sur sa hanche. « Parce que tu crois avoir une vie assez passionnante pour me tenir éveillé ? »

Sandy était heureuse, sûrement plus qu'elle ne l'avait été de toute la semaine. A peine une heure en compagnie de Ryan et elle retrouvait la pêche, malgré tout ce qui avait pu se passer. Malgré la fusillade, des sales notes et des prises de tête, elle était désormais contente et lorsqu'elle était contente, elle parlait. Alors c'était en tout normalité qu'elle ouvrit son merveilleux clapet après avoir atteint l'extase. Pas de répit pour Ryan, il était condamné à l'écouter parler, sauf si il la faisait taire. Pour cela, il y avait un tas de solutions qu'il connaissait bien. Elle lui avait même laissé une dernière chance de le faire, mais il ne l'avait pas saisi. Au contraire, il s'était installé à ses côtés, prenant une position plus confortable, les yeux dans les yeux et l'avait lancée sur le sujet. Sa vie. Elle était passionnante bien sûr. Elle lui sourit et avant d'entamer une partie de sa vie, elle répondit à ses remarques.

« Oui tu peux être fier de ta force de persuasion, mais ne l'utilise pas sur tout le monde hein. »

Elle lui fit un clin d'oeil avant de se coucher sur le dos, le regard posé sur le plafond … magnifiquement peint au passage. Elle tourna juste sa tête vers son amant lorsqu'il dit préférer les plus jeunes, lui donnant une tape sur l'épaule. Tape amicale bien sûr, ce n'était pas un acte de violence.

« Ma vie est très intéressante tu sais. Je pourrais sûrement en parler toute la nuit et tu ne t'endormiras pas une seule fois … sinon je te réveillerais. »

Un ange cette Sandy n'est-ce pas ? Elle était prête à le réveiller pour lui parler et qu'il l'écoute plutôt que de le laisser dormir et faire la même chose.

« Tu veux que je commence par quoi ? »

Trop gentille, elle lui laissait le choix.

« Tu veux que je te raconte comment je me suis attachée à mon conseiller en orientation ? Comment ça me saoul d'attendre la fin de semaine pour pouvoir l'embrasser ? Comment je me retiens de lui sauter dessus dans les couloirs ? Ou comment je me suis roulée dans la boue à la campagne ou plutôt les conneries qu'on peut faire au lycée ? »

Tant de choses à raconter, tant de sujets possibles tous plus délirants les uns que les autres. D'ailleurs, elle se marrait déjà en annonçant certains d'entre eux. Comme les épisodes à la ferme ou la tête qu'avait pu faire certains profs en découvrant l'imbécilité de leurs élèves. Elle retourna la tête vers Ryan, un sourire interrogateur sur les lèvres, mais un sourire également fier d'elle. Allez savoir pourquoi d'ailleurs, mais c'était comme ça. Elle était contente de pouvoir parler avec lui, partager sa vie ce qu'elle ne pouvait pas faire la semaine. Elle rangeait tout dans une partie de son cerveau pour plus tard, même si ils avaient souvent mieux à faire que parler. Mais en bon gentleman, Ryan était toujours là pour écouter ses histoires rocambolesques. Il avait même l'air plutôt amusé et content de l'écouter … c'était bien le premier.

» Evan Girl Is in the Place {OVER}