EMMA C • what type of bloody idiot are you? uc

Invité

C L E A R . E Y E S , F U L L . H E A R T S

« Emma, c’est à toi »

Respirant une longue goulée d’air, Emma se leva de son siège et se posta au centre de la scène

« VOUS ! Ô grand Roi, ne pensez-vous pas que je suis digne de vous ? Regardez mon visage, mon corps. Jugez de mon esprit. Je suis à la hauteur des déesses grecques, digne rivale de grandes figures européennes. Vous, Roi de Perse, ne pensez-vous pas que je suis ce bijou que vos ancêtre ont prédits ? »

Durant le reste de sa représentation, Emma avait régulé ses pas au rythme de sa voix. Chaque intonation avait été calée sur l’un de ses murmures, l’une de ses exclamations. Les planches grinçaient sous ses pieds : quel bonheur de retrouver le théâtre. Comme sa sœur, Emma détestait cette ville. Elle détestait sa chaleur, son ambiance festive et les Panthers. Certes, Los Angeles aurait pu être comparée à Dillon… d’un point de vue météorologique. Mais là, ses parents avaient vraiment, mais alors totalement, abusé.

« Aimez-moi, je m’offre à vous. Jugez-moi, je veux être une partie à part entière de vous »

La main tendue vers le petit jury qui lui faisait face, Emma se sentait revivre. Elle mourrait en dehors. Mais une fois dans ce petit théâtre, la voilà qui renaissait. Elle savait que Judith était au fond de la salle et la regardait, attentive, mimant à la perfection les paroles de sa sœur aînée –pour les avoir entendues à longueur de journée depuis deux semaine.

L’une des membres du jury l’applaudit pour sa représentation ‘improvisée’. Elle avait pioché de ci de là les situations de pièces antiques et contemporaines ; ses spectateurs appréciaient le jeu d’Emma, en plus de son incroyable CV. Ils lui demandèrent de décliner son identité.

« Je suis Emma Collins. J’ai 19 ans, toutes mes dents et j’adore jouer. Je suis responsable, insatiable et passionnée. Ou peut-être suis-je simplement moi, schizophrène et blessée ? Qui le sait ? Je suis vous, je suis moi, je suis un autre, je suis ma pulpeuse de sœur, je suis mon déjanté de petit frère, je suis le pinceau de mon père et la plume de ma mère »

Elle s'avança d'un autre pas et annonça encore

« Je suis Ma, je suis M, je suis Votre Ange et votre Démon. Je suis Seattle et Los Angeles. Je ne crains rien, j'ai peur de tout. Je suis une autre, je suis Les Identités Multiples. Et vous ? »

A . L I T T L E . B I T . O F . S H I T

« T’es nulle »
« Quoi, quoi ? Répètes un peu pour voir ! »

Avec colère, la petite Emma attrapa son frère, de deux ans son cadet, par le col et le menace de son petit poing droit. Leur mère, Margaret Collins, attrapa l’aînée de la fratrie par le bras et lui mit une fessée dont Emma se souvient encore –douloureusement- aujourd’hui. Margaret n’était pas du genre à punir physiquement ses enfants mais lorsqu’ils se menaçaient ainsi les uns contre les autres, elle réagissait rapidement. Au quart de tour, même, lorsqu’elle passait une nuit blanche pour clore les trames de ses livres pour enfants.

« Jeune fille, vous allez monter dans votre chambre et méditer sur votre comportement » Pleurant à chaudes larmes et surtout honteuse d’avoir été surprise par sa mère dans un tel état de violence, elle monta les marches de la maison de Seattle plus rapidement que d’habitude et s’engouffra dans la chambre qu’elle partageait avec sa sœur. Cette dernière, qui faisait une sieste, se réveilla difficilement en sentant la masse de sa sœur se blottir violemment contre elle. Néanmoins, en sentant les larmes salées de son aînée, Judith s’assit rapidement sur son matelas et entoura de ses petits bras potelés les épaules d’Emma.

« Chut. C’est fini » Murmura Judith qui commençait elle aussi à pleurer face aux soubresauts incontrôlable de sa meilleure amie, de sa sœur, de son autre moitié. Ce n’est qu’une heure plus tard qu’elle comprit dans les murmures d’Emma que leur idiot de frère avait insulté son jeu théâtral et qu’elle n’avait pas supporté une énième insulte. Emma ne démordit pas. Elle fit la tête à son cadet durant deux semaines. Ce fut la plus 'grosse' dispute que partagèrent l'aînée et le benjamin de la famille Collins.

***

« Je… Je peux savoir ce que je fais là ? »

Emma jeta un regard inquisiteur à sa petite sœur puis à son frère, assis sur l’un des canapés de manière dédaigneuse. Il soupirait à intervalle régulier : il connaissait déjà la raison de leur présence dans le salon. Les parents Collins avaient insistés pour organiser une réunion de famille express : tous les évènements du jour seraient supprimés jusqu’à ce que la cellule de crise ne se soit pas dissoute.

Emma ne savait pas du tout réagir. Elle hésitait entre la honte, l’amusement et l’indignation. Elle avait seize ans et la veille, ses parents l’avait surprise avec Logan, un camarade de classe, devant le perron, en train de s’embrasser de manière dirons-nous peu catholique. Elle rougissait de honte, souriait niaisement face à la réaction éclaire de ses parents et se sentait trahie car ses parents, les êtres les plus pervers de la planète selon elle –ils ont enchaîné trois mômes en trois ans et les avait surpris un après-midi dans le salon, il y avait quelques mois de cela-, osaient lui faire une leçon de morale qu’ils comptaient bien donner à leur deux autres enfants, Judith et Isaac.

« Les enfants. Nous n’avons pas été très sévère en ce qui concernait votre… passage… à la vie adulte. Dirons-nous. Nous savons que l’éducation prodiguée dans les collèges vous met en garde contre de nombreuses choses mais nous souhaiterions faire un point en ce qui concerne… » Balbutiait le patriarche de famille.
« Le sexe » Termina aussi sèchement la mère des trois enfants Collins. « Emma, ci-présente… »
« M’man ! » Cria l’aînée Collins de surprise et surtout de colère de savoir que sa mère allait rendre public sa petite idylle avec Logan Johnson.
« Ttt ! » Lança Margaret Collins, d’un air sévère. Elle tira un petit carré en plastique de la poche arrière de son jean. Elle le présenta à ses enfants comme elle le ferait devant un groupe de personnes lors d’une conférence. « Ceci, mes chers, est… »
« Un préservatif » Lança Isaac qui rougissait rien qu’à l’idée que sa mère, sa propre mère quoi, lui fasse un cours d’éducation sexuelle.
« Bravo, cher Isaac, je vois qu’on est bien informé mais qu’en est-il de la pratique ? » Lança la matriarche d’un air mi-sévère, mi-amusé de mettre son petit garçon dans une situation embarrassante. « Après tout, tu seras celui qui portera le fameux préservatif… Tiens »

Elle lui tendit une banane.

« Nous te regardons ! »
« HEY ! Est-ce que j’ai besoin de préciser que c’est elle… » Il insista sur le ‘elle’ en pointant du doigt une Emma, hilare, qui partageait un fou rire tant bien que mal contenu avec Judith. « … qui a faillit passer à l’acte »
« Oui mais... désolée de t’apprendre ça, mon p’tit, mais elle a un vagin » Lança d’un air tout à fait sérieux Judith qui éclatait de rire.
« Je ne m’abaisserai pas à mettre un préservatif sur une banane à la place d’Emma ! » Hurla Isaac qui se leva et sortit en claquant la porte furieusement.

« Bon, je crois que maintenant, on peut lui glisser tout une boîte dans sa chambre en douce, il ne s’offusquera pas ! » Lança Emma en se levant, riant aux éclats, face à la réaction juvénile de son petit frère.

Invité

▬ « C’est nul à chier, ici »
« Ouai, je sais »
« Pff, vous n’arrêtez pas de vous plaindre, vous êtes vraiment chiantes, les filles »

Isaac avala la dernière bouchée de son toast puis en attrapant son sac East Pack qui était à terre, il embrassa sa mère et sortit de la maison. Emma soupira théâtralement. Ses épaules affaissées, elle arborait un air de chien battu : la fourchette mélangeait les morceaux de ses œufs brouillés plutôt que de l'aider à déguster ses pancakes et ses œufs brouillés. Elle avala une bouchée puis posa ses couverts sur la table.

« Pas de vulgarités sous mon toit, jeunes filles ! Arrêtez donc de vous plaindre. Ca a été très difficile pour votre père et moi de trouver une maison comme celle-ci dans un autre état… »

Emma jeta un coup d’œil à l’ensemble de la maison et, désintéressée, elle reporta son attention sur l’assiette de son petit déjeuner. Judith mangeait ses céréales vigoureusement. Elle retenait toutes les remarques perfides… qu’elle laissait coulées dans leur chambre.

« A c’soir, M’man »
« Bonne journée, Maman »

Les deux Collins sortirent de la maison, prenant soin de ne plus être à portée de vue pour commencer à parler… comme si leur mère pouvait lire sur leurs lèvres ou lire leurs pensées.

« J’ai pas déballé mes sacs »
« Moi non plus »

Judith jeta un coup d’œil autour d’elle et grimaça devant un voisin octogénaire au ventre bedonnant qui buvait un café sur la petite terrasse de son portique.

« Le foot, le foot, le foot. Même cette espèce de vieux chnoque porte les couleurs de leur équipe bizarre… »
« Et leurs pompoms squelettiques… T’es super bonne Ju’ d’amour. Va t’inscrire, tu vas être géniale ! »
« C’est ça, ouai. Tu vas retourner dans ton pays imaginaire et me laisser tranquille. Les mini-jupes et les strings par-dessous, c’est pas mon truc »
« Idiote » Emma rehaussa la lanière de son sac et sortit de ce dernier son paquet de cigarette fétiche.
« Tu t’es remise à fumer ? » S‘étonna sa sœur, mi-énervée, mi-lassée.
« Viens pas me réprimandée. Je suis plus vieille que toi et cette ville de merde me sors par les trous de nez »
« Tu fais chier, Ma, t’es peut-être la plus vieille mais tu vas crever plus vite ! »
« Et alors ? C’est toi qui va attraper un cancer avant moi, si ça se trouve » Sur ces mots, elle alluma sa cigarette et inhala la première fumée vanillée. Le son plaisant qu’elle laissa échappé la fit éclater de rire.
« Vivement la semaine prochaine ! »
« Pourquoi ? » Demanda sa sœur, étonnée, en tournant à droite au premier croisement qu’elles rencontrèrent. Contrairement aux autres jeunes qu’elles côtoieraient chaque jour dés leur entrée au lycée, les deux Collins préféraient rejoindre leur établissement à pieds.
« Je retourne à L.A. chercher le reste de mes affaires »
« Je viens avec toi ! » Ordonna-t-elle en se plaçant promptement devant elle, l’empêchant alors d’avancer. Elle haussa les épaules et avec un regard coquin, elle lui dit.

« Désolée, je vais voir quelqu’un »
« Qui ça ? »
« Brad Pitt »

Le regard exténué que lui envoya Judith disait tout à Emma… Elle se retourna et marcha, plaçant entre elles deux une distance qui était significative : elle devenait de plus en plus cinglée.

D A Y . A F T E R . D A Y , T H E . S U N

▬ Me revoilou . Natie, 1700 ans et toutes mes dents, postes un distributeur de tickets face à la porte pour le sexe .